Y avait-il des espaces marginaux en Gaule romaine ? - ACL en SHS Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Histoire & sociétés rurales Année : 2024

Y avait-il des espaces marginaux en Gaule romaine ?

Frédéric Trément

Résumé

Our knowledge of human settlements in Roman Gaul has been deeply transformed by new developments in archaeology. Areas hitherto considered marginal, such as marshlands and high mountains, appear to have been occupied more densely and for longer than the historiography had been asserting ever since the 19th century. Because of this shift, the identification of marginal areas in relation to centers of development has become as much an issue as a challenge for archaeologists. An examination of the terminological and conceptual aspects shows that what determined the marginal nature of an area was not so much environmental constraints as its less attractive character, stemming primarily from socio-economic, demographic and, more broadly, geo-historical dimensions. This issue of marginality overlaps with those of underpopulation and underdevelopment, and indeed merges with them. The author proposes to pay more attention to these spaces, which must be studied for themselves and no longer as the negative counterpart of the more developed areas they separate (or link), playing the role of buffer or transition zones. To achieve this result, one must overcome the influence of contemporary representations that generate multiple research biases, and use a specific methodological approach, focusing on a combination of archaeological markers. Two case studies, namely the fossilized plot maps stemming from the wooded environment of northeast Gaul, and the mountainous highlands of Auvergne, highlight the notion of connectivity, central when assessing the degree of openness of a region with respect to its neighboring areas. However, one must stress the fact that local development was not necessarily associated with intensified exchanges, and could also be endogenous. The value of the markers proposed here is that they underline the diversity of forms expressing marginality, as well as their relative character. None of the areas studied seems to have remained entirely cut off from the regional developmental dynamics. This is probably the most emblematic trait of the globalization occurring throughout the Roman Empire over the first centuries C.E.
Los adelantos de la arqueología durante les tres últimos decenios han renovado profundamente nuestros conocimientos acerca del poblamiento de los territorios de la Galia romana. Espacios considerados hasta ahora como marginales, como las zonas pantanosas o las altas sierras, parecen haber sido ocupados más densamente y durante más tiempo de lo que se pensaba desde el siglo XX, de manera que la identificación de espacios marginales al lado de los espacios desarrollados vuelve a ser tanto una meta como un desafío para los arqueólogos. El examen de los aspectos terminológicos y conceptuales muestra que lo que determina el carácter marginal de un espacio no son las dificultades del medio ambiente sino más bien la falta de atracción, cuyas causas son de manera prioritaria de orden socio-económico, demográfico y más ampliamente geo-histórico. El tema de la marginalidad está unido al de la debilidad de la población y del subdesarrollo con los cuales se confunde. El autor propone prestar una atención mayor a estos espacios, que deben ser estudiados en sí mismos y no como negativo de las zonas desarrolladas que separan (o unen) al jugar el papel de zonas tapón o de transición. Para eso, es imprescindible rebasar el peso de las representaciones contemporáneas, que origina muchos sesgos en la investigación y emplear una metodología específica fundada sobre una combinación de marcadores arqueológicos. Dos ejemplos —los parcelarios fosilizados en bosques del noreste de Gallia y el monte de Auvernia— ponen de manifiesto el concepto de conectividad, esencial para evaluar el grado de apertura de un espacio hacia el exterior. Sin embargo, es importante recalcar que el desarrollo local no se traduce forzosamente por una intensificación de los intercambios y que puede ser también endógeno. El interés de los marcadores aludidos más arriba es subrayar la diversidad de las formas de marginalidad, así como su relatividad. Ninguna de las zonas estudias parece haber quedado completamente apartada de las dinámicas regionales de desarrollo. Eso es probablemente uno de los aspectos más emblemáticos de la mundialización que se pone en marcha a nivel del imperio romano durante los primeros siglos de nuestra era.
Les progrès de l’archéologie au cours des trois dernières décennies ont profondément renouvelé nos connaissances sur le peuplement des territoires de la Gaule romaine. Des espaces considérés jusqu’alors comme marginaux, tels que les marais ou la haute montagne, paraissent avoir été occupés plus densément et depuis plus longtemps qu’on ne l’imaginait depuis le XIXe siècle. Du même coup, l’identification d’espaces marginaux par rapport aux foyers de développement est devenue un enjeu tout autant qu’un défi pour les archéologues. L’examen des aspects terminologiques et conceptuels montre que ce qui détermine le caractère marginal d’un espace n’est pas tant une contrainte environnementale qu’un manque d’attractivité, dont les causes relèvent de considérations d’ordre prioritairement socio-économique, démographique et plus largement géo-historique. La question de la marginalité rejoint celle du sous-peuplement et du sous-développement, avec laquelle elle se confond. L’auteur propose d’accorder une attention nouvelle à ces espaces, qui doivent être étudiés pour eux-mêmes et non plus en négatif par rapport aux zones plus développées qu’elles sépareraient (ou relieraient) en jouant le rôle de zones-tampons ou de zones de transition. Pour cela, il est nécessaire de surmonter le poids des représentations contemporaines, qui est à l’origine de multiples biais de la recherche, et de mettre en œuvre une méthodologie spécifique, fondée sur une combinaison de marqueurs archéologiques. Deux études de cas – les parcellaires fossilisés en contexte forestier du nord-est de la Gaule et la moyenne montagne auvergnate – mettent en exergue le concept de connectivité, essentiel pour évaluer le degré d’ouverture d’un espace vers l’extérieur. Il est toutefois important de rappeler que le développement local ne passe pas forcément par une intensification des échanges, et qu’il peut aussi être endogène. L’intérêt des marqueurs proposés plus haut est de souligner la diversité des formes de marginalité, ainsi que leur relativité. Aucune des zones étudiées ne semble être restée complètement à l’écart des dynamiques régionales de développement. C’est là probablement l’un des aspects les plus emblématiques de la mondialisation qui se met en place à l’échelle de l’empire romain durant les premiers siècles de notre ère.
Fichier sous embargo
Fichier sous embargo
1 11 26
Année Mois Jours
Avant la publication
jeudi 23 juillet 2026
Fichier sous embargo
jeudi 23 juillet 2026
Connectez-vous pour demander l'accès au fichier

Dates et versions

hal-04659911 , version 1 (23-07-2024)

Identifiants

Citer

Frédéric Trément. Y avait-il des espaces marginaux en Gaule romaine ?. Histoire & sociétés rurales, 2024, 61, pp.5-42. ⟨10.3917/hsr.061.0005⟩. ⟨hal-04659911⟩

Collections

PRES_CLERMONT CHEC
0 Consultations
0 Téléchargements

Altmetric

Partager

Gmail Mastodon Facebook X LinkedIn More