Au lendemain de l’exécution du roi Charles Ier d’Angleterre, le dramaturge silésien Andreas Gryphius, ami de la famille palatine que des liens matrimoniaux unissaient au sort des Stuarts, s’en prend violemment aux révolutionnaires régicides dans un drame qui appelle les puissances du continent à venger le roi martyr. Quatorze années plus tard, il réécrit la pièce avec un souci d’acuité historique, donnant à l’événement toute sa dimension humaine, politique et géopolitique. Le roi vaincu politiquement et militairement connait les affres de l’emprisonnement, voit son palais transformé en cachot. Gryphius évoque le tropisme insulaire de la violence carcérale contre les souverains, décrit un Charles Ier avant tout prisonnier de lui-même, captif de l’image qu’il se fait de sa fonction, en même temps que l’enfermement mental de ses bourreaux. Mais la captivité doit se lire aussi comme la métaphore de l’existence terrestre dont l’âme chrétienne aspire à s’évader.