Ne se limitant pas à la réalité matérielle des monuments, bâtiments, objets et accessoires, le patrimoine relève également d’une dimension culturelle immatérielle. Celle-ci se caractérise, selon une convention de l’UNESCO adoptée le 17 octobre 2003, par un ensemble de « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire » qu’une communauté humaine reconnaît comme faisant partie de son bien propre. Les travaux de Roland Barthes sur les Mythologies (1957) peuvent expliquer en partie la construction de ces représentations, notamment lorsqu’il explique que le mythe, au sens moderne du terme, est un système de communication et un mode de signification. L’objet de ce chapitre consiste, dans cette perspective, à analyser le rôle des écrivains dans la fabrication médiatique des sœurs Goitschel et donc à leur patrimonialisation au sein de la mémoire collective (au sens de Maurice Halbwachs, 1950). En partant du principe que la plume des hommes de lettres apporte une plus-value émotionnelle, lyrique et légendaire, autrement dit une « plume-value » (Bauer, 2018), il convient d’analyser les discours de ceux qui, tel Antoine Blondin, ont fait l’éloge des sœurs Goitschel. Sur le plan méthodologique, cette étude nécessite de recenser et classer tous les articles signés par les écrivains dans le quotidien sportif L’Équipe entre 1962 et 1968, période clé de la carrière sportive de Marielle et Christine Goitschel.